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Chapitre 51 :

Poussée de croissance

Plusieurs semaines ont passé depuis la mort de Grand-Mère Sara, et je me sens mieux maintenant, moins triste. Faut dire que Tante Zira a tout fait pour, et surtout des grimaces qui m'ont bien fait rigoler ! Parfois j'ai l'impression qu'elle me comprend comme personne, surtout pour ce qui de faire l'imbécile.

"Ne t'inquiète pas Tanja, ta Grand-Mère va bien, elle est avec nous ! Elle viendra te rendre visite dès qu'elle le pourra. C'est que la transformation en fantôme prend un certain temps, faut arriver à maîtriser comment casser les lavabos, tout ça..." Mouais, n'empêche qu'elle me manque, ma Grand-Mère.

Le gros nul m'a même fait un câlin ! Au début j'ai eu peur, j'ai cru qu'il voulait m'étouffer ! Non mais on sait jamais, il est tellement nul...

Mais bon, depuis la mort de Grand-Mère, il veut bien jouer avec moi. Et comme je suis toute seule, ou plutôt la seule enfant de la famille, ben je suis quand même contente d'avoir quelqu'un avec qui jouer.

Enfin j'ai des copains à l'école aussi, hein. Je suis pas une asociable comme mon Grand-Père, moi ! Par exemple, l'autre jour, y a Machine qui est venu jouer à la maison. Flûte, il me semblait pourtant avoir noté son nom quelque part...

Le problème des copains, c'est que ça finit toujours pareil : une petite frayeur de rien du tout, un coup de poignée vibrante, et ils détalent en courant pour ne plus jamais revenir. Et je me fais gronder par Grand-Père Matho qui me dit que si je continue, plus personne ne voudra jouer avec moi.

Alors que Henry, ben quoi qu'il arrive, je l'ai toujours sous la main. Je peux lui raconter qu'en fait je suis bleue parce que je suis une ogresse qui va venir les manger les cuissots pendant son sommeil pour lui faire faire des cauchemars, ben il ne peut pas s'enfuir. Bon, je me fais aussi gronder, mais on s'en fiche. 

Mais je suis fière de vous annoncer que des années de terrorisation ont porté leurs fruits ! Monsieur le Nul s'est dévergondé, et ils est même devenu mon "partner in crime" ! Et avec son cerveau surdéveloppé, on a mis au point un plan infaillible pour libérer les grenouilles du labo de l'école ! ça va être le chantier, le bazar, le capharnaüm, la Bérézina !

Et le lendemain soir, en rentrant de l'école, nous avons célébré notre victoire ! Le plan était parfait, tous les professeurs étaient submergés par les grenouilles ! Du coup, pas d'école pendant trois jours ! Allez, pour fêter ça, un... câlin ? Ah bon. Sacré Nullos, il me surprendra toujours je crois. Mais euh... je crois que c'est devenu mon meilleur ami... Est-ce que moi aussi je suis une nullos maintenant ?

Ah non, tout va bien !

"Alors, mon chéri, comment tu te sens aujourd'hui ?

- Ben euh... C'est-à-dire que j'ai entendu plein de trucs pas très chouette sur la pub RT, du coup j'appréhende un peu...

- La puberté, Henry, la puberté. Et ne t'inquiète pas, je suis sûr que tu vas être un beau jeune homme !"

Vous l'aurez compris, c'est l'anniversaire du Nullos aujourd'hui. Du coup, Grand-Père Matho lui a préparé un bon gâteau au chocolat pour fêter ça. On voulait inviter de la famille, mais entre ma génitrice qui a mis les voiles pour on ne sait où et ma Tante qui fait la causette aux ours dans sa forêt, ben c'était pas la foule.

Allez souffle, Nullos ! Avec un peu de chance, tu vas gagner en centimètres et perdre en nullitude !

Sourire niais, chemise à carreaux, petite coupe bien comme il faut... On peut pas faire plus boy-scout de la campagne, là ! Il est bienveillant ? Ok, j'ai rien dit...

"Mais maintenant que t'es un grand, tu vas plus vouloir jouer avec moi ?

- Ben non, jouer les pirates, c'est pour les gamins ! Mais tu sais, tu seras toujours ma petite choupinette !

- Appelle-moi petite choupinette encore une fois, et ta vie deviendra un enfer."

Nouvelle hypothèse : il semblerait que le taux de nullité soit proportionnel aux centimètres.

"N'empêche, ça me fait tout bizarre de te voir grand comme ça, je suis pas habituée.

- Boh, c'est pas grave, dans quelques jours tu me rejoins, non ?

- Peut-être, mais je suis pas habituée."

Et effectivement, quelques jours plus tard, devinez qui a eu droit à une avalanche de bisous parce qu'il était temps de grandir ?

"Grand-Père, tu pourrais au moins aller te raser, tu piques !"

Mais quitte à partir, autant partir en beauté. Du coup, j'ai tenté le tout pour le tout :

"Grand-Père, je peux aller à l'école avec mon costume de pirate, pour mon dernier jour ?

- Euh, oui, si tu veux... Mais il vient d'où ce costume ?

- Tu te souviens pas ?

- Euh, non..."

Bizarre, ces histoires de voyages temporo-inter-dimensionnels, quand même...

"Alors, ma puce, cette journée d'école ?

- C'était génial, Tante Zira, je leur ai tous fichus une trouille bleue, comme une vraie pirate !

- Je suis fière de toi ! Par contre, on a voulu inviter tes camarades de classe, mais aucun n'a voulu venir...

- Ouais ouais, je sais, je sais, inutile de remuer le couteau là où le bât blesse... Et puis de toute façon, les vrais pirates ne font pas de goûter d'anniversaire !"

Pff, j'ai pas envie de grandir, moi... Vous êtes sûrs que je peux pas y échapper ? Mais d'un autre côté, si je grandis, je pourrai avoir mon propre vaisseau pirate... Trop cool !

"Allez ma puce, souffle fort !

- Oui bon ben ça va, je vais le faire ! Fouuuuuuu.....

Grand-Père Matho aussi s'occupe bien de moi. Il est parfois sévère et tatillon, mais je vois bien qu'il fait tout ce qu'il peut pour que j'aille bien et que je sois heureuse. Il m'aide souvent pour mes devoirs, et parfois il me raconte les histoires de la famille, ou des contes épiques qui datent de y a super longtemps.

Après quelques paillettes et un passage par la salle de bain pour me relooker, je suis devenue... ben moi-même. A part, je suis devenue soignée. Ah, et j'ai un grand objectif dans la vie : devenir la reine des bêtises ! Alors planquez-vous, Tanja la Terrible arrive !

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